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Couscous identitaire Publié le : 23 août 2010

Lors d’un de nos derniers groupes de pairs, où nous avions décidé d’expérimenter « l’arbre de vie », je me souviens m’être sentie un peu ridicule, au moment de présenter mon arbre, à la lecture du mot « couscous » que j’avais écrit impulsivement entre les racines de mon arbre. Aux racines d’un arbre de vie j’imagine que l’on trouve plus souvent des mots comme « père », « mère », « pays », « ancêtres », « langue », que le nom d’une spécialité culinaire. Pourtant, j’y ai repensé et je suis persuadée que certains aliments sont une  vraie composante de notre identité, une invocation à la mémoire, une source d’histoires à raconter ou, seulement, à rêver.

Un plat comme le couscous, pour moi, c’est un « hyperlien » vers ma saga familiale. Je revois ma mère, le dimanche matin, émietter la semoule brûlante entre ses mains pendant que le fumet du bouillon emplit la maison. Je revois mes frères et sÅ“urs, mes oncles, mes tantes, les jeunes, les vieux, se retrouver chez nous et raconter leurs vies, souvent baignées de nostalgie pour les plus anciens, contraints, quelques années plus tôt, de quitter l’Algérie. Je revois notre vie d’alors, si différente… Le couscous de ma mère était le confluent d’une multitude d’histoires qui se rejoignaient le dimanche pour n’en former qu’une. J’ai repris la tradition et je sais ce qu’il me faut faire aujourd’hui pour rassembler une famille qu’éparpillent les emplois, les intérêts et les obligations : j’annonce à qui veut l’entendre que, tel dimanche, je vais faire un couscous, et je sais que toute la fratrie sera là.

Cette réflexion m’a amené à sonder quelques connaissances et j’ai été rassurée de voir que telle ou telle cuisine occupait chez les uns et les autres, comme chez moi, des fonctions symboliques. Chez certains de mes amis, il n’y a pas d’anniversaire ou de célébration sans canard. En foie gras d’abord, puis en magret ou confit, le volatile rappelle à ces exilés les doux paysages de leur Sud-ouest natal. Accompagné de pommes de terre cuites dans la graisse, relevé d’ail, arrosé d’un cahors, il parle des repas d’antan, des parents qui ne sont plus, des maisons qu’on a dû quitter, des enfances qui se sont évanouies – mais aussi des amis qu’on a encore « là-bas ». D’ailleurs, parfois, on s’approvisionne en conserves ou en vin chez les amis en question et cela renforce de complicité réelle une consommation symbolique.

Le choix des boissons qui accompagnent ces repas vient parfois ajouter des nuances particulières. « Dans les grandes occasions – me dit l’un – je sers du veuve clicquot : c’était le champagne préféré de mon père. C’est comme si je l’invitais à être de nouveau parmi nous. Mais c’est seulement pour les évènements vraiment familiaux ».  Un autre m’a avoué : « Je sais bien qu’il en est de meilleurs, mais, pour nous autres Basques, il a une valeur tellement symbolique que j’achète tous les ans quelques caisses de vin d’Irouléguy ». Et un autre encore, quand il reçoit des amis de jeunesse, ne craint pas de marier des plats bien français avec un certain vin d’Australie en souvenir d’un voyage qu’ils firent là-bas.

La cuisine est une mémoire, un langage. Et aujourd’hui j’ai conscience que réunir ma famille, mes amis autour d’un couscous est une manière de rendre hommage à mon histoire, à mes origines.

Publié le : 23 août 2010 | 1 Commentaire | Partager/Mettre en favoris


1 Commentaire sur l'article “Couscous identitaire”

  1. 1 Alain RABU a dit à 13 h 45 min le octobre 10th, 2012:

    Chère Dina, pour avoir eu le plaisir d’en partager un , couscous, chez vous il y a quelques années, j’ajoute qu’au delà d’être un langage, une mémoire, il était….bon, aussi . Tout simplement. Et , c’est important aussi dans la cuisine, n’est il pas?
    Content de lire que tu continues ton chemin entre Coaching et Pratiques narratives, avec bonheur, semble t il.
    A un d’ces jours, j’espère. Bises à toi et à la maisonnée


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