Chaque individu possède en lui la ressource de développer des histoires qui le rendront plus fort

Accompagnement des hommes et des femmes dans leur vie au travail :

  • Accompagnement individuel
  • Accompagnement d’équipes et de communautés

Accompagnement des jeunes dans leur parcours scolaire :

  • Orientation - Aller à la recherche de son projet
  • Confiance en soi - Gestion du stress

Un nouvel espace de supervision Publié le : 1 novembre 2013

photo de Nathan Einhorn

Dina Scherrer & Stéphane Einhorn réunissent leurs pratiques et expériences de l’accompagnement pour vous proposer un groupe de supervision en co-animation.
Deux regards différents et complémentaires qui intègrent Pratiques Narratives, Systémique et co-développement afin de vous permettre d’avancer dans vos pratiques en mode collaboratif et participatif.

http://www.dinascherrer.com

http://blog.coach-et-moi.com

Modalités pratiques :
Un groupe ouvert de 6 personnes maximum
Un tarif de 120 € TTC par séance

Les séances se dérouleront à Paris 16 de 14h 00 à 18h 00 aux dates suivantes :
Mardi 28 janvier
Jeudi 06 mars
Mercredi 30 avril
Jeudi 05 juin

Pour vous inscrire ou vous renseigner :
scherrer.dina@yahoo.fr
s.einhorn@coach-et-moi.fr

Publié le : 1 novembre 2013 | Aucun Commentaire | Partager/Mettre en favoris


Vers une pédagogie émotionnelle… par Cédric Serres Publié le : 14 juin 2013

Cédric Serres est instituteur dans l’Hérault, il est membre du groupe départemental de l’Hérault (ICEM 34). Il m’a invité à participer au dernier colloque des pratiques collaboratives de l’ICEM 34 en mars dernier. Ce qu’il arrive à mettre en place au sein de sa classe redonne espoir dans l’enseignement et surtout fait en sorte que le jeune se réapproprie l’école comme un lieu de partage, d’échange. Il n’y a pas que le maître qui sait, lui aussi peut apporter sa contribution. C’est juste formidable.

Ci-dessous le témoignage de Cédric sur son expérience au quotidien dans sa classe, notamment l’expression qui permet aux émotions de trouver leur place dans une classe bienveillante :

Lundi, Conseil de classe, 11h du matin :
Président du conseil : “ Le conseil est ouvert, qu’est ce que vous aimez le plus dans la classe ?”
Un tour de table où chaque élève, s’il le souhaite peut prendre la parole pour dire ce qu’il aime le plus : l’anglais, les mathématiques, PIDAPI, le quoi de neuf, les ventilateurs, la classe mobile, la sortie, le futsal, le maitre, moi etc.

Vendredi soir, bilan de la semaine, 16h35 :
Président du jour : “C’est l’heure du baromètre des émotions de la semaine. Qui a ressenti de la peur? de la honte ? du dégoût ? de la colère ? de la tristesse ? de l’amour ? de la joie ?”Chaque élève qui le souhaite lève la main pour se signaler pour chaque émotion. On remarque tout de suite que nous ressentons tous ou presque, toute la palette des émotions dans la classe tout au long de la semaine.
Président du jour : “Qui veut parler pour l’amour ?” Myriam : “J’ai ressenti de l’amour quand on a travaillé la danse dans la salle APEX pendant la récré avec les copines, parce qu’on était toutes ensemble.”Ainsi la classe est-elle rythmée par l’expression de l’amour. Mais au-delà de ces moments formels, institués dans la classe et d’autres encore tout au long de la journée, l’amour est présent dans la classe par la posture que je choisis d’adopter. Fort de ma conviction que tout le monde est éducable, j’accueille chaque élève dans son originalité et sa singularité. Unseul guide, l’amour inconditionnel.

Définitions :
L’amour inconditionnel : Partage d’un sentiment d’affection sans condition et en toutes circonstances.
Mises en œuvres dans la classe:
Attitudes du maitre :
Je bannis tout jugement. C’est d’ailleurs une règle de vie incontournable de notre classe : “je ne me moque pas, je suis bienveillant”. C’est un postulat qui m’incite à toujours faire confiance à l’enfant, à toujours lui permettre de s’exprimer et finalement à lui laisser le droit à l’erreur. Même le maitre a droit à l’erreur. Et je ne la maquille pas avec des expressions du style : “c’était pour voir si vous suiviez.” Au contraire, montrer que je suis faillible incite les enfants à utiliser leurs outils plutôt que le maitre comme support. L’écoute des émotions. Les émotions sont au cœur de notre classe, comme elles sont au cœur de notre être. Pour vivre l’instant présent la seule possibilité est d’être pleinement dans la conscience de soi et donc dans la découverte de soi, l’apprentissage. Ce sont nos émotions qui nous permettent cette prise de conscience : qu’est ce que je ressens face à ce qui m’arrive ? Qui je suis ? Ainsi, les enfants travaillent pour eux-mêmes (motivation intrinsèque). Ils ne sont pas dans la projection du cadeau qu’ils auront s’ils ont une bonne note, ou encore de la baffe qu’ils recevront s’ils en ont une mauvaise. Bienentendu, cette recherche de motivation intrinsèque est un chemin, elle ne se décrète pas. Des outils de motivations extrinsèques doivent être mis enplace pour progresser sur ce chemin.
Des outils : (je n’en ferai qu’un bref aperçu sans être exhaustif)
Le quoi de neuf :
Un outil essentiel pour prendre sa place dans la classe. La consigne que je donne en début d’année est : “qu’est ce que j’ai vécu hier ou ce WE, et qu’est ce que j’ai ressenti ?” Ainsi les enfants commencent-ils par décrire une situation, qu’ils ferment en indiquant “et j’ai ressenti de la peur de voir la dame Blanche sortir de
l’ordinateur”. C’est aussi un outil d’analyse pour moi. Qui prend la parole ? Qui ne la prend pas ? Force de la voix, comportement dans l’expression orale (mimique, bégaiement, mouvement …) des indications qui me permettent inconsciemment au départ puis de plus en plus consciemment de mieux connaître mes élèves.
Les temps de critiques :
Après de nombreuses présentations faites par des élèves, par exemples les lectures offertes ou encore les exposés voire même les textes libres, il y a toujours un temps plus ou moins long (on interroge plus ou moins de personnes, environ 4 ou 5) de retours du groupe. Ici il est impératif de commencer par une remarque positive. Et le “je trouve que tu as bien lu” n’est pas suffisant. J’entraine régulièrement les enfants à définir ce qu’ils trouvent bien : le ton, le rythme, les mots difficiles, le choix du thème.
Ensuite viennent les critiques constructives sous forme de message je : “j’aurais aimé qu’il y ait plus d’images, j’aurais aimé que tu prépares plus ta lecture…” Certains enfants, ou à la demande du président de séance, font même une demande : “ et ma demande c’est que tu choisisses des images et que tu les imprimes pour les rajouter sur ton exposé.”
La phrase du jour :
Chaque jour, il y a un rituel phrase du jour. Cette année j’ai choisi de laisser l’écriture libre de la phrase du jour le mardi, le lundi c’est une dictée du jour, le jeudi et le vendredi c’est une écriture sous contrainte (écrire une phrase avec “mais”, écrire une phrase avec un CCL…). Néanmoins, lorsque l’enfant écrit sa phrase du jour au tableau, les autres élèves doivent rechercher en priorité tout ce qui est bien dans sa phrase. Je remarque que l’enfant qui est au tableau se redresse au fur à mesure
des remarques. Quand vient l’heure de corriger certaines erreurs, il est tellement regonflé qu’il en est encore plus attentif.

Le baromètre des émotions :
C’est un simple affichage, un moment de classe qui clôt notre semaine. Toutes les émotions sont évidemment vécues, mais ici on reparle d’un moment qui a été fort pour nous. Nous n’avons pas tous été marqués par les mêmes évènements, le partager aux autres nous ouvre les portes de l’empathie, cela resserre encore les liens du groupe.
Le tour d’aide :
C’est un moment de vie qui clôt notre journée. Tous les soirs nous faisons un bilan de la journée après avoir rangé la classe. C’est le moment de donner une “aide” à un camarade. C’est un peu comme une félicitation, avec en plus le fait que ça contrebalance une gêne de la journée. La règle étant de ne donner qu’à une seule personne, il faut choisir. C’est le choix qui provoque ici la connaissance de soi. Il est aussi demandé que l’aide soit justifiée : “Je donne une aide à Fatima parce qu’elle m’a aidée sur la ceinture d’orthographe.”
L’écoute :
Quand je me rends compte qu’un enfant n’est pas bien, je l’écoute. Je prends le temps pour lui. Comme souvent il ne se livre pas, je vais à la pêche aux informations, en lui parlant de mon ressenti. Un enfant se bat dans la classe, son visage est fermé, il est plein de colère et surtout de violence. Je n’ai que l’écoute pour l’aider. Ce qui importe, c’est qu’il se sente compris, important, autorisé, tout en évitant un passage à l’acte, c’est ce que j’appelle la sécurité affective. Il n’est pas question de réprimer ses émotions. En revanche, il est utile de vérifier que l’enfant ne s’enferme pas dans un sentiment.L’émotion ne dure que quelques minutes. Il arrive qu’un enfant pleure
dans la classe : «Je suis triste parce que mon papa part au Maroc et je ne vais pas le voir pendant 15 jours.» Et voilà le grand gaillard qui s’effondre en larmes, il est 9h30. Pour couper court aux «il pleure» des autres élèves (même empathique), je l’invite, je le rassure: «tu as le droit de pleurer, c’est normal dans cette situation». L’émotion est vite passée. Le sentiment est beaucoup plus long dans le temps, il s’installe et parfois l’on caractérise la personne par ce qu’elle vit. «Elle est toujours fatiguée»,
«je me sens déprimée». Lui coller une étiquette renforce alorsson sentiment, et l’enfonce encore plus.

Nous avons eu la chance de rencontrer Dina Scherrer lors de notre deuxième colloque des pratiques coopératives de l’ICEM34. Son approche des élèves avec ses conversations externalisantes est un véritable outil pour démonter les catégorisations.

La condition pour être, c’est d’écouter qui je suis. D’accepter mes imperfections et mes lacunes, mais aussi mes qualités et mes connaissances. Un mélange complexe de confiance en soi et de connaissance de soi. De l’humilité et de l’orgueil. Et si c’était ça, l’amour ?
Et en même temps, on voit bien que dans la classe il y a une dimension supplémentaire : les autres. C’est ce que Thich Nhat Hanh caractérise par «l’inter-être». Je ne suis pas Bouddhiste, cependant c’est la plus belle fleur que j’ai trouvée poussant sur le terreau de l’amour : Vous ne pouvez pas « être » simplement par vous- même.
Vous devez forcément inter-être avec toutes les autres choses.

Et pour conclure voici le mot d’Eliane, une amie institutrice à la retraite quia découvert la pédagogie coopérative via l’OCCE de son département. Je lui ai parlé de ce thème pour le nouvel éducateur car elle a écrit un livre qui parle exactement de cela.

« Pour moi, c’est, avant tout, un ressenti envers les futures générations. Aimer, c’est voir très loin, c’est avoir envie de développer l’humanité de l’Homme, pour qu’il soit plus heureux dans ses rapports avec les autres avec lui-même. Je crois, fermement, qu’il construira, dans l’avenir lointain,un monde meilleur. Aimer, c’est regarder les enfants dans toutes leurs dimensions, sans discrimination. C’est aider au lieu de juger, c’est accepter au lieu de condamner. C’est regarder chacun avec un œil neuf, l’œil de l’Amour universel, en essayant de développer ses potentiels, de faire en sorte qu’il puisse exploiter ses propres richesses. Pour cela, il est indispensable de luidonner un minimum de liberté de s’exprimer, de travailler à son rythme. Aimer, c’est semer des graines pleines de soleil dans le cœur des enfants.Les pensées sont des forces qui se propagent à la vitesse de la lumière. Nous sommes, nous, enseignants, des porteurs de cette lumière qui se diffuse dans le cœur de nos élèves. Ces petites gouttes feront un grand océan dans quelques centaines ou milliers d’années !!Aimer, ce n’est pas seulement des MOTS que l’on dit. C’est vivre chaque jour dans cette harmonie, c’est faire vivre nos élèves à travers des ACTES d’amour.
Aimer c’est partager, les joies, les peines. C’est encourager, toujours et toujours. C’est être là, disponible.
Amicalement »

Eliane
« L’École, Ma Passion, Ma Mission »

http://www.eliane-scordo.fr/

Publié le : 14 juin 2013 | 1 Commentaire | Partager/Mettre en favoris


Rendre leur savoir aux hommes et aux femmes dans les organisations Publié le : 25 décembre 2012

Une Caisse de Retraite Régionale m’a invitée il y a quelques semaines à animer un séminaire autour du thème « Comment gérer les situations délicates ».
Chaque année une journée de séminaire est organisée à l’intention de la centaine de cadres de direction de cette organisation autour d’un thème censé les aider dans leurs fonctions managériales.
La journée a commencé de manière conventionnelle par le discours du Président donnant la vision, les objectifs et les défis pour l’année à venir et a continué sous forme d’ateliers avec plusieurs intervenants.
Pour ma part, j’avais deux heures afin d’aborder le thème. Deux heures pour répondre à la question: « Comment gérer les situations délicates ? ». En acceptant ce défi, je me mettais moi-même dans la posture de devoir gérer une situation délicate, car je ne suis pas une spécialiste de la résolution des problèmes et je n’avais aucune réponse d’expert à la question posée.
Mais le DRH, que j’avais déjà rencontré autour d’une «journée découverte des Pratiques Narratives», souhaitait que j’aborde ce thème à la manière narrative. Quand je me suis retrouvée face au groupe, j’avais en face de moi des personnes qui visiblement attendaient que je leur dise comment faire dorénavant pour gérer les situations délicates. Avec moi, ils étaient mal tombés.
Je leur ai dit: « je suis votre formateur, mais c’est vous qui allez m’apprendre. Je comprends que cela peut être un peu déstabilisant pour certains d’entre vous, mais c’est comme cela que je vous propose d’avancer ».
Je leur ai donné comme consigne de se tourner vers leurs collègues, de constituer des groupe de quatre ou cinq personnes, au sein desquels chacun à tour de rôle raconterait une situation délicate récente qu’il ou elle avait réussi à bien gérer. Pas forcément une situation extraordinaire: cela pouvait être juste un coup de fil qu’on a enfin pu passer. Chacun termine son histoire en répondant à la question « Qu’est-ce qui m’a permis d’y arriver ? » et note sa réponse sur des post it, une chose – par exemple: patience, diplomatie… – par post it.
Ils sont revenus au bout de trois-quarts d’heure avec leurs post-it et nous en avons tapissé tout un mur.
Alors, j’ai pu leur présenter les Pratiques Narratives en trois points :
1. Ce sont les gens qui ont le savoir. La preuve ce mur constellé de post-it représentant leur savoir.
2. Le savoir est encodé dans des histoires. Si on ne raconte pas d’histoire, on n’a pas accès au savoir.
3. Ce qui va bien n’est jamais histoirisé. On histoirise plus facilement ce qui ne marche pas. D’où l’intérêt de se raconter des histoires de réussite.
Je leur ai dit: « C’est vous les experts des situations délicates. Et pourtant, quand on vous met dans un séminaire qui a pour titre « Comment gérer les situations délicates », on présuppose que vous ne savez pas le faire.
Je leur ai cité le philosophe Michel Foucault qui a beaucoup inspiré Michael White, l’initiateur des Pratiques Narratives. Michel Foucault a dit notamment : « Ce qui ralentit l’apprentissage, c’est quand on met des cloisons entre les gens. Quand les gens gardent ce qu’ils savent pour eux ».
La question maintenant :
– Qu’est-ce que vous voulez faire de ce savoir qui est un référentiel génial ?
Pour l’heure qui restait, nous avons décidé que chaque groupe irait se promener une dizaine de minutes devant les post-it pour voir la production des autres groupes et qu’ensuite il se remettraient ensemble quinze minutes pour discuter :
Qu’est-ce qu’il y a de commun entre toutes ces productions ?
Qu’est-ce qu’il y a de différent ?
Qu’est-ce que vous en tirez comme conclusion ?
Comment cela pourrait-il vous aider demain à aborder différemment ce genres de situations ?

Une personne de chaque groupe a été ensuite invitée à venir rapporter en grand groupe le fruit de leurs réflexions. C’était très riche et simple à mettre en place.
Les managers ont tous appréciés. Qu’on sollicite leurs savoirs et qu’ils puissent partager des histoires de réussites les avait dynamisés.

Rendre leur savoir aux personnes nécessite que le formateur mette de côté le sien. La posture du formateur narratif est une posture d’ignorant. Ignorant dans le sens que c’est l’autre qui sait, qui est expert de sa vie professionnelle.

Dina Scherrer

Publié le : 25 décembre 2012 | 2 commentaires | Partager/Mettre en favoris


Arbre de vie professionnelle Publié le : 3 novembre 2012

Stéphane Kovacs et moi-même avons publié un article :
http://www.dulwichcentre.com.au/tree-of-life-in-the-field-of-business-France-Dina-Scherrer-Stephane-Kovacs.pdf
extrêmement original concernant les applications de « l’arbre de vie » aux contextes professionnels. Ces applications ont été mises au point et testées par Stéphane et moi-même à différentes occasions. Nos collègues australiens se sont intéressés à notre travail car nous sommes très peu à développer une pratique en entreprise et en coaching de l’ « arbre de vie » (technique développée par Ncazelo Ncube (REPSSI) et David Denborough).

Publié le : 3 novembre 2012 | Aucun Commentaire | Partager/Mettre en favoris


Le regard pygmalion Publié le : 12 août 2012

Qui n’a pas un jour le souvenir d’avoir senti se poser sur lui ce regard aimant et bienveillant ? – Ce regard qui réchauffe le cœur. Ce regard plein d’espoir qui donne envie de se surpasser, qui donne confiance en soi et en l’avenir.

Ce regard qui sauve aussi parfois en venant contredire toutes les mauvaises histoires que l’on raconte ou que l’on se raconte sur nous.

Pour ma part, il y a eu ce regard d’amour inconditionnel que ma mère a toujours posé sur mes frères et sœurs et sur moi. Elle était un miroir formidable pour notre construction. Et nous aimions l’image que reflétait de nous ce miroir. Une image qui nous rendait forts et audacieux. Encourageant tous nos efforts, valorisant nos moindres petits pas dans la vie. Vantant nos mérites à tout son entourage. Nous n’avions de cesse que de vouloir l’épater, lui prouver qu’elle avait raison de croire en nous. Elle a une mémoire impressionnante concernant toutes nos réussites même dérisoires. Et elle sait très bien nous en nourrir quand il le faut. Aujourd’hui encore je me surprends, quand une jolie chose m’arrive, à m’en flatter auprès d’elle. En faisant cela, je sais que le souvenir de ma réussite sera bien gardé. Elle est en quelque sorte la gardienne de nos trésors.

Quand je suis contrariée ou triste, quand une de mes histoires dominantes à problème vient me visiter, il n’est pas rare que j’aille me réfugier à nouveau dans son regard. Je l’appelle, on parle de tout et de rien, souvent du temps qu’il fait, et cela suffit à me reconnecter avec mes histoires préférées.

Nous avons une histoire avec chacune des personnes que nous connaissons ou que nous avons connues. Certaines de ces personnes ont eu une influence positive dans notre vie. Ces personnes ont été les témoins de certaines de nos histoires de compétences. Elles nous ont vus oser des choses, gravir les échelons, prendre des risques, etc. Souvent, nos clients, en situation de stress, perdent de vue leurs compétences. Ils ne se sentent plus «capable de». D’où l’importance de les aider à faire revenir au premier plan les témoins qu’un jour «ils ont su faire».

En narrative, c’est ce que l’on appelle le Club de vie. Nous allons volontairement chercher des personnes qui ont une influence positive dans la vie de notre client, des personnes qui ne seraient pas étonnées qu’il soit capable d’atteindre son objectif. Quand j’accompagne une personne, aborder le club de vie est toujours une étape importante.

Je pense notamment à Hugo un jeune homme que j’ai accompagné récemment. Hugo a vingt ans. Il a eu une scolarité très chaotique, a redoublé deux fois et s’est retrouvé déscolarisé une année avant de passer son bac professionnel. Aujourd’hui, il aimerait bien travailler mais il a conscience qu’avec son bac pro en poche ce sera un peu plus facile pour lui. Seulement, il a une histoire tellement difficile avec l’école qu’il ne croit pas possible pour lui d’avoir ce bac. En venant me voir, son objectif est de trouver la force de faire cette dernière année d’étude pour aller le décrocher. Mon travail avec Hugo, dans un premier temps, a été d’écouter ses plaintes vis-à-vis de l’école et de l’aider à regagner en confiance en lui.

Il y a eu une étape décisive dans notre travail avec Hugo quand je lui ai demandé de se rappeler un professeur, dans toute sa scolarité, qui un jour a posé un regard bienveillant sur lui, qui a cru en lui. Hugo m’a tout d’abord répondu spontanément: aucun. J’ai un peu insisté en lui demandant de se souvenir de toutes les étapes de sa scolarité, et tout d’un coup, il m’a dit « Oui, il y a bien une maîtresse, quand j’étais en maternelle. Mais c’est trop loin tout ça ».
Je lui ai demandé de me parler de cette maîtresse. Il se souvenait précisément de tout. Son nom – Mme Martin – sa voix douce et gentille, ce qu’elle leur faisait faire. En me parlant d’elle, Hugo s’est illuminé. Je lui ai demandé : Qu’est-ce que Madame Martin a bien pu faire pour que tu gardes d’elle un si bon souvenir ? « Elle était gentille avec moi. Elle trouvait que je dessinais bien. Elle me le disait souvent ». «A ton avis, qu’est-ce qui faisait qu’elle était gentille avec toi ?» « Je ne sais pas. Je me souviens juste que j’étais toujours avec elle, à côté d’elle. Peut-être qu’elle me trouvait gentil aussi. Ma mère m’a dit que j’aimais bien aller à l’école en ce temps-là. Que j’aimais bien apprendre ».

Nous avons passé une séance entière à parler de Madame Martin. Je voulais tout savoir dans les moindres détails. J’avais dans l’idée que plus la description serait riche, plus Mme Martin s’incarnerait et deviendrait ressource pour Hugo.

A la fin de la séance, j’ai demandé à Hugo : Qu’est-ce que cela te fait de parler de Mme Martin comme on vient de le faire ? Qu’est-ce que le fait de te souvenir de ton lien avec Mme Martin te donne comme espoir pour cette dernière année d’étude ? Si tu pouvais te regarder avec les yeux de Mme Martin, quelle image aurais-tu de toi ? A ton avis, que te dirait Mme Martin sur ta capacité à avoir le bac ? Est-ce que tu penses que de penser à Mme Martin quand ce sera trop dur pour toi pourrait t’aider ?

La confiance d’Hugo est montée en flèche pendant cette séance. En se reconnectant à Mme Martin, il est sorti de son isolement. Il avait remis en pleine lumière une personne qui a compté positivement pour lui dans son parcours scolaire, une personne qui porte la mémoire d’une partie de ses compétences. En se reconnectant à elle, il s’est reconnecté à une autre histoire que celle de l’échec.

Découvrir qu’un jour il a aimé apprendre est une exception face à son histoire de mauvais élève. Quand une première exception émerge, d’autres deviennent plus facilement accessibles. Une exception est une exception mais deux exceptions c’est le début d’une nouvelle histoire.

Redonner de l’importance à toutes les personnes qui contribuent ou ont contribué positivement à notre vie est un magnifique moyen pour aller à la rencontre des exceptions, de celles qui finissent par déstabiliser nos histoires de problème jusqu’à retrouver l’espoir.

Dina Scherrer

Publié le : 12 août 2012 | 3 commentaires | Partager/Mettre en favoris